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Centre de Recherche et d'Etudes pour l'Art Préhistorique Emile Cartailhac

   

 

Les grottes ornées du massif des Arbailles (Pyrénées-Atlantiques) :
Etxeberri, Sinhikole et Sasiziloaga

Cave-art in the massif of Arbailles (Pyrénées-Atlantiques): Etxeberri, Sinhikole and Sasiziloaga


     Trois grottes ornées paléolithiques (Etxeberri, Sinhikole, Sasizioloaga) et deux gisements (Haregi, Gatzarria) sont connus dans le massif des Arbailles, à l'extrémité Ouest des Pyrénées. Elles sont situées sur le versant oriental, du côté du Haut Bassin de la rivière Saison. Ces trois cavités publiées au cours des années 50 restaient mal connues tant sur le plan de l'art pariétal que sur celui de la chronologie. Une reprise des recherches dirigées par D. Garate (Chercheur associé TRACES-UMR5608, CREAP) a été entreprise en 2007 avec l'accord du SRA Aquitaine et des différents propriétaires. Il s'agit, aujourd'hui, de réviser complétement l'art pariétal et son contexte, au sens large du terme (archéologie, karstologie...). A terme, nous tenterons de préciser le rôle des grottes ornées de ce massif, à mi-chemin entre les Pyrénées centrales et les Cantabres.

Composition de l'équipe scientifique :
  • D. Garate, Chercheur associé TRACES-UMR5608, CREAP
  • R. Bourrillon, ATER Université Toulouse II, Docteure en Préhistoire, TRACES-UMR5608, CREAP
  • M. Lauga, Groupe spéléologique des Gaves et inventeur de deux figures pariétales
  • M. Douat, Groupe spéléologique des Gaves
  • M. Menu, Chef du Département Recherche, C2RMF-UMR 171
  • E. Laval, Ingénieur de recherche, C2RMF-UMR 171
  • J. Ríos Garaizar, Department of Human Evolution - Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology
Membres collaborateurs :
  • S. Petrognani, Docteur en Préhistoire, chercheur associé à l'ArScAn-UMR7041 et au CREAP,
  • L. Aurière, Université Toulouse II, Doctorante en Préhistoire, TRACES-UMR5608, CREAP
  • E. Robert, Docteur en Préhistoire, chercheur associé au Muséum National d'Histoire Naturelle - USM103, UMR519 et au CREAP
  • S. Yaniz, Photographe professionnel

Le massif des Arbailles

     Le massif des Arbailles (Soule, Pays Basque) s'étend sur une superficie approximative de 120 km2 et se situe parallèlement à l'extrémité occidentale de la cordillère pyrénéenne à environ 50 km de l'actuelle ligne de côte. Ce massif se définit topographiquement par des pentes calcaires plus ou moins fortes et des altitudes comprises entre 800 et 1000 m (Fig. 01).


Fig. 01. Localisation des sites paléolithiques dans le massif des Arbailles.

     Cinq cavités, avec des traces humaines attribuées au Paléolithique, sont connues à moins de 5 km de distance les unes des autres: Haréguy, Gatzarria, Etxeberri, Sinhikole et Sasiziloaga. Seules les deux premières, dans la montagne d'Hargaina, présentent des gisements contenant des restes d'habitats, tandis que les autres sont exclusivement ornées.


Historique de la recherche

     Le 1er mai 1950, Pierre Boucher conduit Georges Laplace dans la grotte d'Etxeberri ; ce dernier va découvrir sur le chemin du retour, avant de franchir une chatière étroite, la première figure peinte. Il s'agit d'un petit cheval rouge sur la paroi gauche d'une salle nommée par la suite, la Salle des peintures (Fig. 02). En 1951, Georges Laplace entreprend l'étude de l'art pariétal qu'il va publier au fur et à mesure de l'avancement de ses travaux (Laplace, 1949, 1950, 1951, 1952). Trente ans plus tard, Éric de Valicourt et Michel Lauga identifient de nouvelles figures peintes (Lauga, Valicourt, 1981). La dernière publication recensée sur l'art pariétal d'Etxeberri est celle de Patrick Paillet qui dénombre 68 entités graphiques (Paillet, 1989). Il constate le mauvais état de conservation du dispositif graphique entaché de graffitis et partiellement effacé par des actes de vandalisme. Ainsi, les figures de la fissure ornée ont en partie disparu ; le dos du bison à l'argile de la Salle des peintures est définitivement perdu (Fig. 03) ; sur une partie de la paroi droite de cette même salle, seuls quelques vestiges de peintures paléolithiques sont encore visibles.

     L'art pariétal paléolithique de la grotte de Sasiziloaga a été découvert en 1950 par Pierre Boucher, quelque temps après les peintures d'Etxeberri. Plusieurs vestiges lithiques, dont trois lames, ont également été prélevés. L'étude de l'art a été entreprise et rapidement publiée par Georges Laplace (Laplace, 1951).

     La grotte de Sinhikole est la dernière cavité ornée découverte dans le Massif des Arbailles au cours du XXe siècle (Fig. 04). C'est une équipe de la Société Spéléologique et Préhistorique de Bordeaux qui identifie les peintures en 1971. Leur étude a été entreprise immédiatement après leur authentification et publiée par M. Séronie-Vivien (Séronie-Vivien, 1974).

     Bien qu'il s'agisse de découvertes relativement récentes et malgré les recherches menées, cet ensemble de grottes n'a pas fait l'objet de la monographie qu'il mérite.

 

Le projet de recherche

     La reprise de l'étude des trois cavités est motivée, en premier lieu par l'importance de ces grottes ornées, et leur situation géographique dans une zone de contact entre les Cantabres et les Pyrénées . La place du massif des Arbailles, l'étude des relations et des liens entre les deux pôles géographiques majeurs passent par la collecte et la mise en forme d'une documentation scientifique aussi précise et exhaustive que le permettent des conditions de travail contraignantes (voir instantanés).

Les principaux axes de recherche sont les suivants :

a) Restitution topographique fine des cavités et étude appropriée des espaces ornés.

b) Caractérisation géologique et description morphologique des cavités et des sédiments.

c) Prospection systématique des parois, des plafonds et des sols.

d) Documentation iconométrique et inventaire des entités graphiques, des panneaux et des espaces topographiques ornés.

e) Documentation photographique et graphique au moyen des relevés et des plans des entités graphiques, de leur répartition sur les panneaux et de leur emplacement topographique.

f) Analyse de la matière colorante utilisée pour les peintures et identification de dépôts naturels.

g) Analyse stylistique et attribution chronologique du dispositif graphique.

h) Contextualisation des trois ensembles par rapport aux données existantes dans l'art pariétal paléolithique.

     Au cours de la phase finale du Paléolithique supérieur, le développement de l'activité graphique et l'accroissement des interactions culturelles sur de longues distances sont bien visibles (Fig. 05) dans l'art pariétal et mobilier de la corniche cantabrique et de la chaîne pyrénéenne.

     Les grottes du massif des Arbailles n'échappent pas à cette dynamique. Un certain nombre de parallèles techno-typologiques sont observables. Nous pouvons ainsi retenir certaines pratiques ou conventions graphiques reconnues dans le golfe de Gascogne comme les chevaux polychromes, les chevaux dont l'arrière-train est disproportionné ou encore les figures gravées ou modelées dans l'argile.

 

Fig. 05. chevaux à croupe hypertrophiée


Perspectives

     Les travaux de terrain dans le massif des Arbailles ont débuté en 2007 et se poursuivent à l'heure actuelle. L'élaboration des données pluridisciplinaires relatives aux trois cavités est en cours. Cette étude débouchera sur la publication d'une monographie scientifique prévue pour l'année 2012, ainsi que sur des conférences ou communications (SMSP, Toulouse, 26 avril 2010 ; IFRAO, Foix, Septembre 2010).

Remerciements

     Les recherches sont financées par la DRAC Aquitaine (Service Régional de l'Archéologie), le Laboratoire de Recherche TRACES-UMR5608, le CREAP (TRACES-UMR5608) et de manière ponctuelle par le Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques (2007) et la Société d'Études Basques/ Eusko Ikaskuntza (2008). La mairie de Aussurucq/Altzürükü collabore au projet en nous offrant l'hébergement sur le site (village d'Aussurucq). Harpea Kultur Elkartea et le Groupe Spéléologique des Gaves nous apportent leur connaissance de la cavité et une aide logistique pour les travaux de terrain.

Bibliographie

  • Garate Maidagan, D. (2009): “La actividad gráfica parietal durante el tardiglaciar en el golfo de Bizkaia: el macizo de Arbaila”, IIIPC monografías nº 3, I-a mesa redonda sobre Paleolítico Superior cantábrico: San Román de Candamo (Asturias), 26-28 Abril 2007, sous presse.

  • Garate Maidagan, D. (2009): “Arte parietal paleolítico en el golfo de Bizkaia: de los santuarios clásicos a la declaración de Patrimonio de la Humanidad”, Medio siglo de arqueología en el cantábrico oriental y su entorno, Congreso Internacional del Instituto Alavés de Arqueología, 27-30 Noviembre 2007, sous presse.

  • Garate Maidagan, D. (2010): “El contexto cronológico tardiglaciar de las cuevas decoradas en el macizo de Arbaila: una visión actualizada”, Isturitz, nº 12, sous presse.

  • Garate Maidagan, D., Bourrillon, R. (2008): “Les grottes ornées du massif des Arbailles (Etxeberri-Sasiziloaga-Sinhikole): révisions et nouvelles recherches”, Bilan Scientifique du Service Régional d'Archéologie 2007: Aquitaine, sous presse.

  • Garate Maidagan, D., Bourrillon, R. (2009): “Les grottes ornées du massif des Arbailles (Etxeberri-Sasiziloaga-Sinhikole): révisions et nouvelles recherches”, Bilan Scientifique du Service Régional d'Archéologie 2008: Aquitaine, sous presse.

  • Garate Maidagan, D., Bourrillon, R. (2010): “Les grottes ornées du massif des Arbailles dans le contexte artistique du tardiglaciaire”, L'Art des Sociétés Préhistoriques. Rencontres Internationales Doctorants et Post-doctorants. 1er édition, 2008. Préhistoire, Art et Sociétés, vol. LXIII, sous presse.

  • Laplace, G. (1949): “Etcheberri’ko karbia (La grotte d’Etcheberry): découverte de peintures préhistoriques”, Eusko Jakintza, 3, pp. 492.

  • Laplace, G. (1950): “Nouvelles peintures préhistoriques en Haute-Soule: Chachichiloaga”, Eusko Jakintza, 4, p. 179.

  • Laplace, G. (1951): “Les grottes ornées du massif des Arbailles”, Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau, 13, pp. 77.

  • Laplace, G. (1952): “Les grottes ornées d’Etcheberri’ko karbia (Camou-Cihigue) et Sasiziloaga (Suhare)”, Gallia, 10 (nº 2), pp. 93-95.

  • Laplace, G. (1952): “Les grottes ornées des Arbailles”, Eusko Jakintza, 6, pp. 132-153.

  • Lauga, M., Valicourt, E. (1981): “Deux nouvelles figurations parietales dans Etcheberriko karbia, Camou-Cihige (Pyrénées-Atlantiques)”. Bulletin de la Société Préhistorique Française, 78, pages 170-173, 1981.

  • Paillet, P. (1989): “La galerie aux peintures d’Etcheberri’ko Karbia”, L’Anthropologie, 93 (nº 2), pp. 493-512.

  • Séronie-Vivien, M.R. (1974): “Découverte d’une nouvelle grotte ornée en Pays Basque; La grotte du Sinhikole-ko-karbia (Camou-Cihigue, Pyrénées-Atlantiques)”, Bulletin de la Société Préhistorique Française, 71, pp. 40-44.

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