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Centre de Recherche et d'Etudes pour l'Art Préhistorique Emile Cartailhac

 

La caverne du Pont d'Arc : une grotte unique, un projet d'exception

      Située en face du Pont d'Arc, dans les gorges de l'Ardèche, la grotte ornée de Vallon Pont d'Arc (dite grotte Chauvet) a été découverte en 1994 par J.-M. Chauvet, E. Brunel et Ch. Hillaire. Il s'agit d'un sanctuaire orné de peintures préhistoriques parmi les plus importants et les plus anciens dans le monde. En effet, les dessins ont été datés de plus de 36 000 ans avant le présent, aux origines de l'art en Europe. La grotte est candidate au classement du Patrimoine mondial de l'Humanité de l'UNESCO.

      Ce site d'art et de préhistoire, miraculeusement préservé, est d'une grande fragilité et sa conservation ne permettra pas son ouverture au public. Aussi, la création d'un espace de restitution a été décidée en 2010 à l'initiative du Conseil général de l'Ardèche (P. Terrasse) et de la région Rhône-Alpes (J-J. Queyranne), avec le soutien de l'Etat et de l'Union Européenne. Un syndicat mixte, le SMERGC (R. Buffat) a été chargé de sa mise en œuvre. Le projet architectural a été conçu par le cabinet Fabre-Speller et la Maîtrise d'œuvre de la réplique a été confiée à la société Scène (Paris).

      Cet espace baptisé « la Caverne du Pont d'Arc », en cours de construction à proximité de Vallon Pont d'Arc, comprend notamment une réplique de la grotte originale, qui regroupera sur plus de 3500 m2 la majorité des panneaux ornés (http://www.lacavernedupontdarc.org/la-replique/). Ces panneaux restitués en fac similés très fidèles aux originaux seront replacés dans leur contexte souterrain avec la reproduction à l'identique des concrétions, voûtes, sols et vestiges archéologiques.

     Un comité scientifique international de 15 personnalités présidé par J. Clottes a délégué trois membres de l'équipe scientifique de la grotte pour se rendre régulièrement sur les sites de réalisation des différents intervenants afin de valider le travail au fur et à mesure de sa progression. Il s'agit du préhistorien JM. Geneste (directeur du Centre National de Préhistoire, Périgueux), du géomorphologue JJ. Delannoy (Laboratoire Edytem, Université de Savoie, Chambéry) et du paléontologue Ph. Fosse (UMR TRACES, Toulouse).

     Des visites de la grotte ornée sont organisées pour les entreprises chargées de réaliser la réplique, avec un accompagnement des scientifiques et de la Maîtrise d'œuvre. Ces visites sont planifiées en respectant les contraintes de conservation du site et sous le contrôle de la Conservation des Monuments Historiques (DRAC, M. Bardisa).

      Le fac-similé de la Caverne du Pont d'Arc a été ouvert au public le 25 avril 2015.

Voir l'article de Laure Cailloce réalisé à cette occasion :
        La grotte vue par ses copistes (CNRS-Le Journal)

Des méthodes innovantes, des savoir-faire diversifiés

     En 2012, en réponse à un appel d'offres de marché public, un groupement d'entreprises a été choisi pour mener à bien cette réplique, qui sera la plus grande réalisée à ce jour.

     Dans ce groupement, représentée par la société SOCRA (P. Palem), les entreprises AAB, COFEX-Freyssinet et Campenon Bernard Régions Rhône-Alpes réalisent, sur le chantier de la réplique, les sols, voûtes et parois dans toute leur diversité géomorphologique. Face à l'ampleur de la tâche (plus de 8000 m2 de surfaces), il a fallu inventer une méthode de travail. A partir de cages métalliques suspendues à la charpente, des armatures de tiges en métal et des grilles imitant les formes de la roche sont couvertes de béton projeté. Sur cette couche d'accroche, des sculpteurs modèlent avec des mortiers spéciaux les surfaces et les textures qui sont ensuite patinées. A Paris, la société Phénomènes se charge de l'ensemble des spéléothèmes (massifs de concrétions) qui seront ensuite intégrés sur place aux parois et aux voûtes. La reproduction des ossements d'ours des cavernes est assurée par COSSIMA - DASPLET à Saint Priest (69).

     La réalisation des panneaux ornés est répartie entre l'Atelier Arc et Os à Montignac et deux ateliers situés à Toulouse :
- La société Déco Diffusion (www.deco-diffusion.com), spécialisée dans la création et la réalisation de décors de spectacles et d'expositions, forte de plus de vingt ans d'expérience.
- Gilles Tosello (http://www.creap.fr/participants-gilles-tosello.htm), artiste plasticien et préhistorien membre de l'équipe de recherche scientifique qui travaille dans la grotte du Pont d'Arc depuis 1998.

     Ces deux spécialistes se sont associés pour réaliser la réplique de deux chefs d'œuvres de la grotte : le panneau des Chevaux et le Panneau des Lions, rassemblant 200 animaux sur plus de 110 m2 de surface de parois.

     Le travail de reproduction fait appel aux techniques numériques les plus avancées pour la restitution des supports rocheux. Les premières phases du travail se déroulent chez Arc et Os. A partir des fichiers 3D, un fraisage numérique permet une première approche des reliefs rocheux. Après moulage, des coques en résine armée sont réalisées. Ensuite, la surface des panneaux est modelée à la main afin de reproduire au plus près les détails des parois originales.

Une partie de ces panneaux vierges est ensuite transportée dans les ateliers de Déco Diffusion et Gilles Tosello. Grâce aux fichiers 3D (cabinet G. Perazio) texturés de photos et projetés sur les parois reconstituées, les œuvres préhistoriques sont replacées avec précision. Voir d'autres images de cette phase de l'opération : panneaux vierges

Retrouver les gestes, les couleurs...

     L'art de la grotte du Pont d'Arc doit sa célébrité, entre autres, à des fresques monumentales composées de dessins noirs, magistralement tracés au fusain, puis estompés et rehaussés de gravure au silex.

     Dans l'atelier, les dessins préhistoriques sont reproduits avec des couleurs et des matériaux analogues à ceux employés par les artistes de la Préhistoire. Ainsi, après de multiples essais, seul l'usage du charbon de bois a permis de retrouver à la fois la fragilité et la puissance des courbes qui composent les figures animales.

     Dès le début du projet, il a été décidé que la réplique des dessins devait avant tout traduire l'esprit des originaux, sacrifiant un peu de l'exactitude au profit de la dynamique et du souffle qui anime les figures noires de lions, de rhinocéros ou de chevaux. Tenter de faire passer au visiteur une part d'émotion... tout en restant fidèle au travail des artistes aurignaciens.

Grâce à la réplique, G. Tosello a pu valoriser les données acquises avec C. Fritz tout au long des recherches menées depuis 1998 dans la grotte du Pont d'Arc. La connaissance interne de ces œuvres complexes lui a permis d'anticiper les difficultés, et donc d'améliorer l'efficacité dans le travail et la qualité du rendu. C'est aussi une opportunité formidable pour voir, en grandeur nature, la genèse des dessins, geste après geste et vérifier au passage quelques hypothèses...      Les parois calcaires de la grotte du Pont d'Arc possèdent une infinie variété de textures (lisses, rugueuses), d'aspects (secs, mats, luisants), de couleurs (beiges, brunes, orangées...) qui traduisent une longue histoire géologique marquée de nombreux évènements naturels. Sous la direction de G. Tosello et le contrôle de J.-J. Delannoy, D. Sartre-Doublet (DecoDiffusion) réalise cette partie du travail, qui fait appel à sa pratique de plasticien. Voir d'autres images de la phase de reproduction des dessins : phase 2

Immersion dans la caverne

     B. Toffoletti (DecoDiffusion) a pris en charge la tâche délicate du montage, démontage et transport des panneaux. En effet, ces derniers (9 à 10 m de long pour 4 m de haut) sont trop imposants pour être transportés d'un seul bloc : il faut donc procéder au démontage, une fois que le travail de peinture est achevé. Pour limiter au maximum le nombre de joints à restaurer sur le chantier, il a été décidé de réduire le nombre de morceaux, avec pour conséquence une augmentation très nette du poids et des dimensions des morceaux à charger sur les camions. Il a fallu construire des structures de bois ou de tubes métalliques spécialement adaptées à chacun des quatre éléments principaux du Panneau des Chevaux.

     Sur le chantier de la « Caverne du Pont d'Arc », les panneaux sont acheminés jusqu'à l'emplacement de la pose définitive. Pour des raisons techniques, le niveau du sol de la réplique sur lequel sera installée la passerelle de visite est surélevé de plus de 1,50 m en moyenne au-dessus de la dalle de béton. Il faut donc hisser les différents morceaux de panneaux à l'aide de palans et de chaînes, puis les fixer à l'aide de barres métalliques et de câbles d'acier reliés à la charpente.

     Il faut ensuite progressivement raccorder les panneaux ornés avec l'environnement de parois en mortier modelé et faire disparaître les joints. En attendant, les panneaux sont soigneusement protégés sous des films plastiques et des bâches. Au final, grâce aux éclairages et à la température « rafraîchie », le visiteur se trouvera en immersion complète dans une grotte qu'il découvrira peu à peu, « la Caverne du Pont d'Arc ».

     L'archivage vidéo de ce projet hors normes (y compris les réalisations en atelier) est assuré par le réalisateur ardéchois Ch. Tran.

Phase 5: démontage des panneaux Voir d'autres images

Phase 6: remontage sur le site ardéchois. Voir d'autres images

Liens

Atelier Arc et Os (Montignac) : http://www.hominides.com/html/actualites/grotte-chauvet-alain-dalis-arc-et-os-0775.php

SOCRA (Périgueux) : http://www.socra.fr

Atelier Phénomènes (Paris) : http://ateliers-stephane-gerard.fr/resines-silicones.htm

Ateliers Artistiques du Béton AAB (Mormant) : http://www.aab-fr.com

Campenon Bernard/Cofex/Freyssinet (Vinci) : http://rhone-alpes.france3.fr/2013/12/15/grotte-chauvet-l-espece-de-restitution-prend-forme-378095.html

Voir aussi l'article de Laure Cailloce à l'occasion de l'ouverture au public le 25 avril 2015: La grotte vue par ses copistes (CNRS-Le Journal)