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Centre de Recherche et d'Etudes pour l'Art Préhistorique Emile Cartailhac

 

La grotte des Bernoux (Dordogne)

Historique des recherches et contexte

     La grotte des Bernoux se trouvent dans la vallée de la Dronne, au nord de Bourdeilles (fig. 1). Dès 1926, les Ponts et Chaussées exploitent les éboulis de pente qui obstruent l'entrée de la grotte. À cette occasion, quelques vestiges lithiques et osseux sont recueillis par D. Peyrony. Ce n'est qu'en 1927 que la grotte ornée fut découverte par ce dernier. Une couche argileuse, de 20 à 40 cm d'épaisseur, et contenant de nombreux silex et éclats, surmontait un mètre d'éboulis calcaires (Peyrony, 1932).

La couche argileuse est fouillée par D. Peyrony en 1929. Il identifie un foyer et un outillage se rapportant à deux moments de la chronologie. Il reconnaît un aspect moustérien à certains artefacts (notamment un petit biface), et un aspect aurignacien à la plupart des vestiges (un grattoir épais à museau, une lame appointée, différents types de burins, un percuteur, deux nucléus, et des outils de fortune). Les restes fauniques étaient pauvres mais d'une grande variété (cerf élaphe, renne, ours des cavernes, loup, cheval, bovidé, bouquetin, et hyène). D. Peyrony évoque alors une possibilité de simples « passages » des Paléolithiques (Peyrony, 1932 : 7), conclusion reprise par D. de Sonneville-Bordes (Sonneville-Bordes, 1960).

Fig. 1 : Localisation de la grotte des Bernoux à Bourdeilles (Dordogne)

     Avec l'aide d'E. Peyrony, D. Peyrony entreprend l'étude des gravures et annonce leur découverte en mars 1929 (S.H.A.P, 1929). Il rapproche le rendu formel des gravures, identifiées comme un mammouth, un quadrupède, une tête gravée un ours, des figures aurignaciennes de la Ferrassie et de La Croze à Gontran (Peyrony 1932 :9). H. Breuil visite la cavité en 1934 et confirme l'attribution spécifique des trois figures dans les « Quatre cents siècles » (Breuil 1952 : 315). Cette identification est reprise par A. Leroi-Gourhan et A. Laming-Emperaire (Leroi-Gourhan, 1961 : 38 ; Laming-Emperaire, 1962 :182), mais de leur côté, P. Ucko et A. Rosenfeld parlent d'un ours associé à un rhinocéros et un félin (Ucko et Rosenfeld, 1967 : 122).

L'étude en cours: relevé des gravures pariétales

     Une nouvelle étude de l'art pariétal de la grotte des Bernoux a été autorisée par le SRA-Aquitaine en 2011 sous la direction de Stéphane Petrognani, avec la collaboration de Eric Robert.

     La lecture détaillée des parois a permis l'identification de nouvelles entités graphiques (un mammouth et un cheval), et une relecture de celles déjà connues, permettant d'affiner notre connaissance de l'art pariétal de la cavité. Cette relecture des parois a porté aussi bien sur le panneau d'entrée à gauche, panneau principal de la grotte, que dans la deuxième partie de la cavité, plus étroite, où des tracés gravés, mais aussi peints, ont enrichi le corpus de la grotte.

     La première figure relevée est la première figure de la cavité, identifiée par Denis Peyrony, puis par B. et G. Delluc comme un mammouth. Il s'agit de la figure la plus caractéristique de la cavité, qui ne présente aucune ambiguïté quant à son identification (fig. 2). La gravure, au trait large, est nette pour la tête, la trompe, la ligne de front, le début de la bosse du dos, ainsi que l'arrière-train. En revanche, le détail des parties extrêmes, au niveau de la trompe, de l'amorce de la patte avant, comme des pattes arrière, laissait poindre des éléments d'interrogation. C'était le cas par exemple de la continuité du trait entre le creux nucal et la ligne de dos. Enfin, l'absence de ligne de ventre et de pattes avant demandait à être confirmée.

     Au niveau de la partie antérieure du mammouth, la présence de la trompe est bel et bien confirmée. Elle pourrait se confondre avec la défense, alors qu'un double trait gravé semble marquer l'amorce du cou. Ces deux traits ne se rejoignent pas, et ne sont complétés d'aucun autre en-dessous. Nous n'avons en effet identifié aucune trace possible ni de patte avant, ni de ligne de ventre. La situation des gravures, en limite au-dessus du décrochage concave de la paroi, peut expliquer l'absence de traits gravés, qui ne semble pas due à un problème de conservation (fig. 3).

Fig. 2. Mammouth G01 (mosaïque photographique)

Fig. 3. Relevé du mammouth G01.

Perspectives

     Les relevés sont la première étape d'un travail d'enregistrement intégral et détaillé que nous souhaitons mener sur l'ensemble de la cavité. Nous avons également procédé à une couverture photographique détaillée de la paroi gauche, de l'entrée jusqu'à la figure d'ours présumée (G08). L'objectif est de disposer de la continuité du panneau et des gravures présentes, qui présentent une forte homogénéité technique. Nous avons ainsi réalisé un montage panoramique destiné à servir de support aux autres relevés qui viendront compléter ceux effectués cette année. Nous souhaitons pouvoir restituer fidèlement la structure générale de ce panneau, l'organisation des images et leurs proportions respectives.

     Les recherches effectuées en 2011 dans la grotte des Bernoux ont pour l'instant confirmé l'attribution chronologique de l'ensemble aux phases anciennes de l'art paléolithique. En effet, les présences conjuguées d'un nouveau mammouth et d'un cheval correspondent, thématiquement, aux données connues pour cette phase. Techniquement, la diversité rencontrée dans la partie plus profonde de la grotte n'est en aucun cas, au contraire, un élément allant à l'encontre de cette identification.

     Cependant, face à l'absence d'éléments permettant d'obtenir des datations directes ou indirectes dans la grotte (pas de charbon ni de contexte archéologique en place associé aux parois), nous devons poursuivre nos investigations pour appuyer l'attribution chronoculturelle actuelle aux périodes aurignaciennes ou gravettiennes.

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